Digression (Gression) - Déconnexion et IA

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2025-04-14 Digression (Gression) - Déconnexion et IA

J’ai besoin de simplicité je crois. De fluidité. Je lis pas mal Ploom en ce moment et je le trouve passionnant. Sa déconnexion me passionne. Elle me tente de plus en plus. Les réseaux m’épuisent, tout ce “bruit” comme il dit. Très peu de contenu intéressant. Beaucoup de blabla. Tout ce pataquès autour de l’IA.

D’ailleurs j’ai envie de parler de l’IA. Mais d’une manière dont je vois peu de gens en parler.

Je n’arrête pas de lire des trucs sur ces bienfaits, sur le fait qu’elle est formidable, qu’elle va nous remplacer, le fait qu’il faut prendre le train en route. Qu’il faut s’adapter. On nous explique tout ce qu’elle peut faire à notre place, nous simplifier la vie, nous optimiser, nous apporter de la valeur. On nous raconte qu’on a créé un SAAS en une heure grâce à elle, qu’on peut gérer son business avec des systèmes d’automatisations IA…

Dans tout ce blabla, il y a des choses vraies, beaucoup de bullshit mais il y a assez peu de monde qui parle des problèmes liés à l’IA. Peu de monde parle d’humain non plus.

Quand je scrolle sur LinkedIn, je vois de l’IA partout. Des posts impersonnels racontant une énième success story lié à l’IA rempli de buzzwords. Toutes les images d’illustrations se ressemblent… Elles ont toutes été générées par de l’IA. C’était rigolo au début, bluffant même. Je l’ai utilisé moi-même plusieurs fois. Mais je vais être honnête, ça me fait chier. J’ai l’impression de voir passer des clones. Aucune diversité. Aucune âme dans ces contenus. Je préfère sortir mon appareil photo ou mon tel et faire une photo, passer 10 mins à la faire correspondre à mon besoin d’illustration plutôt que de faire produire un énième clone d’image.

Dans notre monde d’apparence, où il faut produire à tout va, montrer que l’on existe pour espérer vendre (ou se vendre), créer du bruit semble absolument nécessaire. Et l’IA est parfaite pour ça. Elle génère du texte au kilomètre, produit des images par brouette. Et si elle semble plausible, ce n’est que du blabla. Aucune patte. Une fausse perfection qui me laisse un goût âpre en bouche.

Quand je lis tous ces posts identiques, j’ai l’impression de sentir l’eau essayer de rentrer dans ma bouche. Je sens la noyade. Je suffoque presque.

C’est trop pour moi et je pense au fond que c’est trop pour vous aussi. Cela ne peut pas durer et je pense qu’il va être temps de se déconnecter un peu de tout ça… Pour se reconnecter un peu à nous-même et aux autres via de vrai lien.

Plus ça va et plus je crois aux liens dans la vraie vie véritable. Et c’est un technophile initialement timide qui le dit.

J’ai besoin de déconnexion. Et de reconnexion avec le monde.


L’IA… Au-delà des modèles classiques vu et revu avec des usages que je ne trouve pas franchement intéressants, les gros acteurs du marché continu à nous en mettre partout. Meta à travers WhatsApp nous a collé un agent conversationnel pour le fun directement à côté de nos conversations. C’est … Pratique ? Je suppose …

Bah du coup non, je n’en vois aucun besoin.

Quand on sait que les IA mentent une fois sur deux, qu’on ne peut donc pas vraiment faire confiance en leur réponse sans faire un réel travail de vérification après avoir eu la réponse, on se rend compte que ce genre d’usage n’est là que pour justifier les sommes astronomiques injectés dans le secteur. Car plus on nous markète la tronche avec des usages débiles, plus les gens vont les utiliser en pensant qu’il faut prendre le train de l’IA maintenant sinon on va être dépassé et du coup adopter massivement l’IA partout même dans des usages dont on s’en fout. (Surtout en fait) On nous abrutit littéralement avec de l’IA.

Qu’on soit clair, faire écrire ou réécrire un énième mail par l’IA te fait perdre en capacité de rédaction.

Sachant que le mail en question sera très certainement ignoré ou alors lu et résumé par une IA.

Du coup… Question bête hein mais… C’est quoi l’utilité de ton mail dans ce cas-là ? Aucun. Idem avec les messages creux sur LinkedIn.

Création de bruit à la pelle. C’est assourdissant.

En ce moment, je suis en train d’écrire une formation pour devenir formateur en hygiène numérique. J’aurai pu demander à Le Chat ou ChatGPT de me pondre un plan tout fait. J’aurai pu lui demander de me rédiger 3000 mots sur le sujet que j’aurai bêtement recraché aux apprenants. Mais… Où est l’intérêt ? Oui j’aurais gagné du temps .. Enfin j’aurai cru gagner du temps.

Mais je n’aurai pas maîtrisé mon sujet. Je n’aurai pas maîtrisé ma formation. Je n’aurai pas choisi les mots que j’aurai prononcés. Au lieu de ça, je me suis payé une formation sur la pédagogie. J’ai acheté un bouquin que je lis. J’écris, je réécris, je réfléchis, je me trompe, je rectifie, je me creuse la soupière, je recommence à écrire. Je galère. Mais c’est une bonne chose. Je suis content de ne pas prendre de raccourcis. Non pas par fierté par rapport à l’IA “Oui moi je suis contre l’IA parce que l’IA va voler notre boulot gnagnagna”, non rien à voir. Je crois en l’humain et je veux m’adresser aux humains. Je m’intéresse sincèrement à la pédagogie, à comprendre comment transmettre. Je ne veux pas passer par une IA parce que je veux comprendre et maîtriser mon sujet.

Sans compter les coûts cachés que l’on ne voit pas. Environnementales, sociétaux liés à l’entraînement humain catastrophique et au surusage des datacenter.

L’IA peut être très intéressante dans des cas très spécifiques. Utilisons-la pour des usages où elle apporte vraiment de la valeur. Pas quand c’est facile. Pas quand c’est fun. Parce que bien souvent on pourrait soit se passer de la réponse qu’elle pourrait nous apporter parce que l’usage est inutile, soit le coût énergétique et environnemental est tellement aberrant qu’on ferait mieux de s’abstenir.

Réservons l’IA pour des usages vraiment utiles et il existe plein d’usages passionnants qui répondent à ces critères.

Dans un post du très intéressant Tristant Nitot, on lit :

“L’un, philippe chevalier de Kipsum, fait un jumeau numérique de bâtiments pour faire des économies de chauffage et de climatisation. Il utilise pour cela du machine learning (et pas des LLM monstrueux) avec des algorithmes sobres, et comme cela agit sur un domaine très énergivore, cela permet de faire des économies d’énergie 50 ou 100 fois plus importantes que ce qu’il coûte. Pour moi, c’est un bon exemple d’usage justifié et responsable de l’IA.

L’autre comparse, Arnault Ioualalen de Numalis, vise à s’assurer du bon fonctionnement de systèmes de pilotage de satellites forcément coûteux, dans un cadre où la distance entre le satellite et le centre de contrôle est tel qu’on ne peut pas agir en temps réel. Avoir une IA sûre pour protéger de gros investissements où on n’a pas le choix d’avoir un pilote à bord a du sens (après, ça dépend de ce à quoi sert le dit satellite…).” (lien)

On peut avoir une utilisation réfléchie et vraiment utile de l’IA. Mais il serait peut-être bon de questionner nos usages et de se demander où elle peut nous être utile avec un coût raisonnable et où elle ne fait que nous coûter plutôt que de céder au train de la hype marketing.

Et je suis désolé pour tous les Guillaume qui ont créé un énième agent IA qui vont le rendre riche en automatisant la prospection via LinkedIn en créant encore plus de bruit numérique inutile mais ton job, c’est de la merde.